Boulimie foncière : Bargny à la merci de la DGPU et des spéculateurs immobiliers

Bargny la jeune commune née en 1990, est à la merci des spéculateurs fonciers dans le Pôle Urbain de Diamniadio et le phénomène semble ne jamais s’arrêter. Les propriétaires de parcelles et autres cultivateurs de la zone sont les derniers à monter au créneau pour décrier cette boulimie foncière qui fait entorse à l’espace communale. Face à la presse, ces derniers ont vertement dénoncé cette pratique et appellent à l’arbitrage du président Macky Sall avant qu’il n’y ait des confrontations entre cultivateurs et spéculateurs qui les assaillissent au nom de la DGPU.


« Bargny est fatigué. Tout a commencé en 1998 avec la Sococim qui a annexé 461 hectares sur une zone qui abritait plus de 6000 parcelles destinés à l’habitat. Un relogement sur Sendou avait été programmé et depuis lors rien. Ensuite il y’ a les deux lotissements Miname 1 et Miname 2 de plus de 1700 parcelles et aujourd’hui c’est la centrale qui y est assise. Le port de Sendou qui s’étend sur 800 hectares a pris aujourd’hui la moitié des terrains qui ont été donnés aux populations pour y habiter ». C’est ainsi que Libasse Ngom dimanche a décrit le calvaire de Bargny la terre conquise.

Après ces conquérants armés par l’Etat, voilà le pole urbain qui vient en rajouter. Les bargnois s’inquiètent d’ailleurs de « l’élasticité » du pole urbain de Diamniadio qui grignote graduellement leurs terres. Ils ont étalé leur exaspération dimanche lors d’un point de presse organisé à quelques encablures des installations du pole.

« Le pole est assis sur les terres de Bargny sur 1640 hectares officiellement mais de manière officieuse c’est plus de 2000 hectares qu’ils ont pris. C’est élastique car ils tirent à chaque fois qu’ils le veulent et la manière dont il donnent les terres est anormale », a expliqué Libasse Ngom, propriétaire terrien, mettant toute les spéculations sur le dos de la direction générale aux pôles urbains (Dgpu).

Les contestataires sont d’autant plus remontés que la Dgpu s’adresse à toutes les communes environnantes au pole urbain sauf à la leur. « Elle parle avec tout le monde ; que ce soit ceux de Diamniadio, Bambylor, Rufisque ou Sangalkam mais pas avec les bargnois », a ainsi déploré le porte parole. 

« Quand ils sont venus ici ils n’ont pas trouvé une foret mais des terres qui appartiennent à des familles qui les ont toujours exploités en y pratiquant l’agriculture », a-t-il tonné à l’endroit de la structure que gère Seydou Sy Sall. D’après eux, même la nomination du préfet sortant de Rufisque Baye Oumy Guèye au poste de secrétaire général de la Dgpu s’inscrit dans la dynamique d’accaparement de cette partie de Bargny.

Ces propriétaires se disent déterminés à garder cette « seule poche restante de quelque 250 hectares » sur tout le périmètre communal. « Il ne se passe plus une semaine sans que des gens viennent ici pour nous dire que c’est la Dgpu qui leur a donné des terres pour l’implantation d’une usine ou un projet immobilier et nous ne l’accepterons pas. Bargny est en étau entre la mer au sud le pole urbain au nord sans compter la Sococim, la centrale à charbon et le port de Sendou. Il ne nous reste que cet espace », a assuré Bandane Diouf, appelant le président Macky Sall « à freiner la Dgpu dans sa politique faite sciemment d’accaparement des terres de Bargny ».

Momath Pouye a embouché la même trompette. « Le président avait dit que rien ne serait plus comme avant et il l’a réitéré récemment à Diamniadio en demandant aux promoteurs de laisser aux populations leurs terres. Aujourd’hui nous sommes dans cette lancée ; tout ce que nous demandons c’est que l’on nous laisse nos terres », a-t-il laissé entendre avec la conviction que l’état va réagir favorablement à leur appel.



Pour autant, ils se disent prêts pour le combat si la situation persiste. « Nous n’accepterons pas qu’on nous prenne nos terres qui représentent notre passé et notre futur. Nous ferons face à tout promoteur qui s’aventurera sur le site, quel qu’en soit le prix », a prévenu Bandane Diouf, sous l’approbation de la centaine de propriétaires venue prendre part à la rencontre.

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