11 Mai 1981 11 Mai 2012 le monde pense encore à Bob Marley


The wailers
Beverley's 

En 1962, alors qu'il est en apprentissage pour devenir soudeur, il se blesse dans un accident de travail et échappe de peu à la perte d'un œil. Derrick Morgan, soudeur dans son atelier, vient de subir la même mésaventure. Il a profité de son bref congé de convalescence pour tenter sa chance auprès d'un producteur et a enregistré son premier disque. Il conseille à Nesta d'en faire autant. Issu du rythme « shuffle », du r&b et du jazz, le ska naît en 1960. Il est le symbole de l'indépendance jamaïcaine obtenue en 1962 et le jeune Marley se consacre alors à la musique. Comme Derrick Morgan il va chez les disques Beverley's et enregistre trois titres pour Leslie Kong en 1962.

Il y rencontre l'adolescent Jimmy Cliff, avec qui il joue quelque peu. Deux 45 tours de ska sortent chez Beverley's, l'un sous le nom de Robert Marley, « Judge Not » puis « One Cup of Coffee », une reprise d'un succès country de Claude Gray qui sort sous le nom de Bobby Martell imposé par Kong. « Terror », qui parle du terrorisme meurtrier régnant dans les ghettos, ne sortira jamais. Mais déjà avec ces trois titres, les trois thèmes qui reviendront dans son œuvre sont là : spiritualité, amour et lutte sociale. Il a dix-sept ans et les deux 45 tours sortent aussi en Angleterre sur une jeune marque spécialisée en ska, Island, qui appartient au Jamaïcain blanc Chris Blackwell.

Studio One
Nesta et Bunny sont alors déjà rejoints par Winston Hubert "Peter Tosh" Mc Intosh, qui possède une vraie guitare et leur apprend à jouer. Avec Nesta Robert "Bob" Marley et Junior Braithwaite (4 avril 1949 - 2 juin 1999), ils forment un quatuor d'harmonies vocales modelé sur un groupe soul, les Impressions de Curtis Mayfield, qu'ils copient. Junior et Bunny chantent le plus souvent les aiguës, Peter les graves, et Bob la voix médium. Joe Higgs, qui a déjà publié plusieurs disques vit lui aussi à Trench Town, et leur enseigne le chant et les harmonies. Ils sont bientôt cinq avec l'addition sporadique de Beverly Kelso et Cherry Green (elles cesseront d’enregistrer avec le groupe en 1965). Ils chantent d’abord des cantiques, des reprises de doo-wop et de soul américaine. Après une audition chez Studio One sous le nom des Teenagers, "Coxsone" Dodd leur demande de composer des chansons. Coxsone préfère Junior Braithwaite, à la voix haute perchée, qui devient le chanteur principal, et le restera jusqu'à ce que Bob s’impose et qu’il parte vivre aux États-Unis fin août 1964. Junior n'est chanteur principal que sur « Habits », « Straight and Narrow Way », « Don't Ever Leave Me » et « It Hurts To Be Alone ». Ils travaillent beaucoup et leur énergique premier simple ska, « Simmer Down », chanté par Bob fin 1963 ou début 1964, apparaît dans les listes des succès dans la presse d’avril 1964. C’est un premier gros succès en Jamaïque. Mais malgré de nombreux succès et un premier album, la compilation de 45 tours « The Wailin' Wailers » (Studio One 1965), très déçus ils ne touchent jamais plus de trois livres sterling par semaine. L'album contient déjà une première version de « Put It On », « Simmer Down », et la délicieuses ballade très soul « I'm Still Waiting » (dont une prise alternative bien différente sera publiée bien plus tard sur le CD de l’album chez Studio One). Accompagnés par les fantastiques Skatalites, ils enregistrent entre 1963 et 1965 une centaine de morceaux splendides dont les créations de Marley « Cry To Me », « One Love », « Love And Affection », mais aussi le « And I Love Her » des Beatles, et des adaptations du « Like a Rolling Stone » de Bob Dylan sous le nom de « Rolling Stone », du « Do You Love Me » des Contours sous le nom de « Playboy », du « I'll Keep On Moving » de Curtis Mayfield sous le nom de Rude Boy (repris sous le nom de « Walk The Proud Land » sur l’album « Talking Blues »), plusieurs autres reprises de soul et beaucoup de ska. « Cry To Me », « Put It On », « I'll Keep On Moving » et « One Love » seront réenregistrés par la suite et compteront parmi ses titres les plus populaires. Bob grave aussi quelques cantiques pour Studio One, comme « Let the Lord Be Seen in You » sous le nom de Bob Marley & the Spiritual Sisters. Peter Tosh enregistre treize titres en tant que chanteur principal des Wailers chez Studio One, dont « The Toughest », « Maga Dog », et le « Don’t Look Back » des Temptations. Quant à Bunny, moins prolifique, il grave néanmoins des merveilles comme le ska « Dreamland », une reprise du « Dream Island » des El Tempos (Vee Jay) et sa sublime ballade doo wop « I Need You So ». Ces morceaux sont disponibles sur différentes compilations de vinyle sorties chez Studio One. On les trouve aussi sur les compilations posthumes en CD : Simmer Down at Studio One (1991), One Love at Studio One (1991), Rare Ska Sides From Studio One (1999), Destiny (Heartbeat 1999), Climb The Ladder (Heartbeat 2000), et Wailers and Friends (Heartbeat 1999) qui en plus d’un duo Bob Marley-Marcia Griffiths contient des morceaux où les Wailers sont simplement choristes d’autres grands artistes, comme Delroy Wilson, Bob Andy, Rita Marley & the Soulettes, Ken Boothe, Lord Brynner, Jackie Opel, Joanne Dennis et Lee « Scratch » Perry. Tous ces albums mélangent indifféremment les titres interprétés par Peter Tosh, Bunny, Bob et Junior : les Wailers. Le 10 février 1966 Nesta se marie avec Alpharita Consticia "Rita" Anderson, du trio des Soulettes que Bob encadre chez Studio One. Rita Marley, qui a adopté Sharon Pendergast Marley, née le 23 novenbre 1965 et fille de sa cousine, est chanteuse de ska comme lui. Rita est enceinte, ils ont besoin d'argent et Nesta quitte l'île rejoindre sa mère, qui s'est remariée aux États-Unis à Wilmington, Delaware, avec un Jamaïcain, Mr Booker. Le fonctionnaire qui lui délivre son passeport n'aime pas son premier prénom Nesta et inscrit le deuxième, Robert, plus sérieux, en tête. Le diminutif de Robert, Bob, est déjà devenu le surnom de Marley à cette époque. Après son départ début 1966 il n’enregistrera plus jamais pour Coxsone Dodd chez Studio One. Pendant son voyage en Amérique, Bob est remplacé temporairement par Constantine "Dream" Walker, un des trois membres des Soulettes, qui enregistre quelques titres avec les deux autres Wailers Bunny et Peter, comme la magnifique ballade doo wop « I Need You ». Peter Tosh gravera encore quelques titres pour Coxsone comme « Rasta Shook Them Up », l’un des tout premiers titres mentionnant le mouvement Rastafari qui se répand en Jamaïque, mais les Wailers quittent Studio One où malgré un succès certain, mais limité aux pistes de danse locales, ils ne gagnent pas leur vie.

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