‘’L’impact des Télénovelas sur la société Sénégalaise. L’exemple de la Série « Un Palace Pour Deux » diffusée sur la RTS1 et SN2 ‘’
Observation directe de du phénomène des télénovelas au Sénégal devenues très prisées par les téléspectateurs fans des series à l'eau de rose mais conséquence les comportement en prennent un sacré coup de blues. Suivez plutôt.
Il est 19 H et 30 mn la famille Cissé, mes cousins à plaisanterie,
s’installent dans un salon mal éclairé
et au milieu de la pièce, un poste
téléviseur duquel part la seule lumière qui illumine l’endroit. Dans le divan
qui domine le reste de l’espace, une
dame septuagénaire s’y est rivée, les yeux braqués sur le petit écran. Tout autour d’elle, le reste de la famille,
dont deux filles adolescentes et une
fillette au creux de son ventre avaient bien pris place. Juste sur sa droite un
fauteuil monoplace et une autre à sa gauche où étaient assises sur
l’un une jeune mère la trentaine
sonnée, un bébé sur les genoux et sur
l’autre deux jeunes filles coquettement habillées aux couleurs tendance violet
et orange.
Pendant ce temps un jingle de
téléfilm passe à l’écran avec le générique de TV GLOBO la maison d’édition des Télénovelas
brésiliennes très en vogue dans la sous région ouest africaine comme Sénégal. Derrière la musique du film le titre « Un
Palace pour deux » 1°. Sur ces premières images des acteurs se disputent des
accessoires de chambre au bas d’un escalier, un jardinier avec son sécateur, un
sombrero mexicain sur la tête, se mue de jardinier en bureaucrate simultanément…
Bref, toute une mise en scène pour le prélude du téléfilm à venir.
La dame qui fait office de chef de famille toujours clouée au divan, haussa le ton pour
demander à ces téléspectateurs de se taire en ces termes « Vous les enfants silence ou vous
sortez, nous voulons suivre
tranquillement ce film…Vous m’entendez ? » 2°. Puis ce fut un silence
de cathédrale perturbé par les gémissements du petit garçon toujours sur les
jambes de sa mère et qui cherchait avec insistance à téter le sein de sa mère, qui
le cajolait.
Le film se trame et dès le
prélude de l’épisode du jour l’assistance se tue. Deux hommes dans un bureau
cossu discutaient de responsabilités de « l’hôtel El Castillo »3°, l’un deux, Monsieur
Santz, les cheveux sel-poivres,
semblait être le maître des lieux, il occupait le bureau et assis en face de
lui, à la place des hôtes l’autre, le
nommé Primo Gonzalès. Un homme peu
robuste, petit de taille et qui est très loquasse et remuant. Les deux hommes
discutaient de l’hôtel El Castillo,
sans doute l’endroit où ils se
trouvaient tous deux, devant le regard
muet de l’assistance. Puis sur une image qui suit, dans un atelier de
décoration d’objet divers, trois demoiselles et un bonhomme devisaient
tranquillement sur les amourettes de Monsieur Santz et d’une femme qu’ils
avaient du mal à citer.
L’une des demoiselles, grande de taille décorant un
pot de fleur, posa alors cette question
« Pensez-vous vraiment que Mr Santz
soit amoureux de cette p..? ». « Ah! Elle est encore jalouse parce qu’elle est désespérée. Mr Santz ne veux pas d’elle ». Cette
réplique ne vient pas de la télé mais de l’une des deux jeunes filles assises
côte à côte, se regardant un instant, avant de pouffer de rire, pour se moquer de la mine triste de la demoiselle
du film, qui cherchait encore ses mots. « Shuuuut! » Fit la maman de la famille et le silence
revint, malgré les jérémiades du bébé, une main dans la poitrine de sa mère,
l’autre sur son visage lui empêchant de bien voir l’arrivée de celle qui venait
d’entrer dans le bureau de Mr Santz pour revenir au film. La trame nous renvoie
alors à l’hôtel. « Bonjours mon amour ? fit une voie, celle de
l’arrivante qui entre en scène. Un bonjour mesuré lui fit servi par les deux
hommes du bureau.
Dans le salon une voie se lève
pour dire avec mépris : « Celle
là, elle ne me plaie pas du tout autant que ses deux filles, mais si elle
savait où finira sa maladie imaginaire, elle allait changer de stratégie. Et
dire que tout cela rien que pour hériter
de l’hôtel… » Réplique à côté « Mais
tu sais que Mr Santz a découvert l’hors de l’épisode passé sa ruse, il est même
allé jusque chez le docteur… tu
t’en souviens ma tante ?». « Oui
c’est vrai ! » Reprit la maman qui en même temps se débattait
devant l’agacement des moustiques bourdonnant, venus lui titiller les oreilles,
alors qu’elle approuvait à peine les propos de sa bru. Celle-ci, ressassait
sans cesse la main de son enfant qui
bourrait ses lèvres entre ouvertes. La
scène à la télé se passait maintenant à la réception de l’hôtel, d’où l’on vit deux hommes présents, un vigile et un garçon-bagagiste nommé Chucho
et le chef de la sécurité de l’hôtel dit Milton, discutaient avec la
réceptionniste Anna Bolina. L’un habillé en smoking noir et rouge, avec nœud
papillon et l’autre bien en cravate.
Anna Bolina, dans son tailleur
de même couleur que Chucho, ventilait
apparemment les commérages. Leur sujet du moment portait sur le couple
Primo/Cécilia et les
manigances de Huan Antonio, l’opportuniste comme aime à le surnommer la dame
au divan. Selon elle ce dernier est venu
bousculer le couple amoureux de celui qui semble être la coqueluche du film Primo
Gonzalès ou Roberto Gonzalès, c’est selon, avec ladite Cécilia. Primo est
l’acteur principal informa ‘’Maman’’.
Justement lorsque son nom fut évoqué par les trois personnages de la réception,
le décore livre à visage découvert son personnage, dans un snack-bar. Le salon reste toujours coït suivant du regard
tout ce qui se tramait.
Puis on entendit la voie de l’une des deux
filles assises sur la même chaise « Môh!
4°
Celui là, c’est ici qu’il
atterrit maintenant. C’est que Cécilia son ex petite amie, est une femme
de principe « nak 5°» même
si je suis sûr qu’elle l’aime encore. Et si Andréas la folle persiste elle
pourra énerver leur retrouvailles n’est pas ma tante ? » Réponse
automatique de la dame « Tu as raison « sakh dé» 6°. Mais il est courageux et ensuite
il y a la fille d’Alcide, la très belle et qui s’habille si bien, Maritza,
elle semble aussi s’intéressé à lui « Affairebi Narna Jaxasso Dé »
7°. Et comme par flaire le
tableau suivant du film nous mène sur
une dispute entre ladite Andréas et une autre fille élancée
et très raffinée, son nom Maritza. Elles se toisent près que, dans une colère
contrôlées et c’est Andréas qui
ouvre les hostilités. L’une des filles
du salon boude et s’en prend à la fille
de Mme Oritis : « Mais Andréas
mii moom fuyna lôol nak. Môh yeenam ! » 8°. Les deux
personnages du film poursuivirent leur échanges qui s’intensifiaient Andréas
menaça Maritza, qui paraissait être
une rivale en ces termes « Je
t’interdis de t’approcher de Primo…Je te vois venir….» réplique sèche de Maritza : « Je ne comprends pas! »
s’exclame-t-elle. Le salon interloqué, observe la scène sans piper mot. La
maman fend alors l’atmosphère et balança : « Wa Yeen li deggëlë ? »9°. « Daf si jott sax »
10° rajoute sa bru.
Du coup, deux tendances semblent se dégager, celles
qui approuvent le couple ‘’Primo-Cécilia’’
et celles qui apprécient l’audace d’Andréas. Sa maman, la dame Ortis,
la patronne de l’hôtel parue sur l’image suivante, grande de taille élégante,
bien fondue dans sont tailleur, un
collier en perle à son long coup, comme la décline Maman la décortiquant. La dame se rassit sur le fauteuil de son
bureau et tira un tiroir. Elle fut presque surprise à l’entrée de son époux Mr Santz. A son entrée, il balança d’un
ton ferme « Ma chérie je viens
t’amener une infirmière, elle va s’occuper de toi à tout
instant ». La blouse blanche se présenta et Mme Ortis méfiante recula. Celles qui observaient la scène dans le
salon semblaient convaincues que madame Ortis simulait un semblant de maladie.
Ladite dame expliqua la maman du salon, faisait croire à son mari Mr Santz, qu’elle était malade gravement. ‘’Maman’’
précise ces propos à l’assistance que c’est un coup qu’elle a fomenté avec Huan Antonio pour faire un sal coup à
son époux afin de pouvoir hériter seule
de l’hôtel et sa fortune. Un commentaire qui en disait long sur le degré de
compréhension du film par la maman du Salon Mme Cissé dite Maman, une dame
trapue qui se prélassait dans ce divan depuis le début de ce téléfilm, elle n’a même pas fait attention à l’appel du
muezzin pour la prière de 19h 24, encore moins à faire attention au
rappel de son fils aîné, venu la secouer : « Maman c’est l’heure de la prière lèves toi s’il
te plaie». Pour seule réponse, elle chercha à se dédouaner : « Moi j’ai déjà une dette
de prière de 17 h mais j’ai du mal à me lever de ce divan. J’arrive ‘’Sama Tank Yi day méti way’’ » 11°. Mais au fait c’était juste un
beau prétexte pour ne pas rater cette Télénovelas. On en était à la pause du film et les annonces
publicitaire sur des bouillons et produits de beauté font la page commerciale sur l’écran. Cette
remarque fut émise par ses deux petites
filles. Elles n’osent même pas élever la voix de peur d’être sermonnées par
Maman, leur grand-mère. « Cette dame
là, suit ce film religieusement et pas question de la déranger le moins
du monde sans raison valable.», laisse entendre l’une des filles. Et
lorsque le film repris après la
courte pause publicitaire, Maman ramena
tout le monde au sujet du jour. Le film, qui reprit de plus belle. Première
scène de la reprise Primo qui reçut celle qui est devenu son ex, c'est-à-dire
Cécilia chez lui. Ce n’était pas pour parler de leur couple qui bat de l’aile,
mais la belle blonde était venue s’indigner de l’irresponsabilité de son
amoureux, parce qu’il continuait à faire le jaloux devant Huan Antonio. Un jeune homme qui est entré par opportunité dans ce
film comme chargé de marketing de l’hôtel
pendant que Mr Santz et Primo étaient de faux serveurs et faux
patron de ce « Palace pour deux ». En fait, en croire à Maman, c’est
Madame Ortis qui a engagé H Antonio pour mettre au point un plan
de déroute du propriétaire de l’hôtel Mr
Santz, que tous croyaient mort jusqu’au jour où à la surprise générale, la vérité éclata au grand jour. Monsieur
Santz est un riche homme d’affaire, déclaré mort, et revenu sous une tenue
de serveur dans cette hôtel, il était venu reprendre sa propriété. Nous détaillant ainsi ce film la dame au bébé,
elle murmurait à notre oreille la genèse de cette série. Pour elle, Huan Antonio n’est qu’un arriviste venu
perturber le couple Primo Cécilia bien enclin à s’aimer dès le départ de ce
film. Lorsque Maman entendit notre conversation, elle nous coupe court de suite.
Justement parlant d’interruption
de la séance, une dame entra dans la grande pièce un enfant dans le dos et vint déposer un grand bol rempli de couscous
« Kay lèen niu rèer» 12°.
Elle conviait ainsi l’assistance à diner, ce qui ne fut pas plaisir à Maman et elle le fit savoir
aussitôt : « Yaw Adji nénalë ba
tayi dél xaar ba film bi djèex nga soga tadj réer ! » 13° s’esclaffe-t-elle. « Wa ‘’ Ma’’ dafay sédd yawit té paréna » 14° répondit sa fille. Celle qui ne
semble pas du tout s’intéresser à ce film très prisé dans sa famille. Les
téléspectateurs formèrent un cercle au tour du bol sauf ‘’Maman’’. « Tant que le film n’est pas à son
épilogue, elle ne bouge pas »
Confia une de ses petites filles. Celle que l’on surnomme d’ailleurs, en raison de raffinement et de ses principes,
Cécilia dans la maison des Cissé.
Une famille modeste avec trois ménages et leur beaux parents et enfants,
cinq au total. En plus de l’aîné de la famille qui est le père de la nommée
Cécilia deux autres père de famille étaient absents au diner et c’est la dame
au bébé qui précisa l’information lorsqu’elle répondit à la question de celle
qui avait déposé le plat au salon «
Awa, je t’ai dis que Ouzin et ‘’ton Primo’’ de mari ne sont pas encore de retour. J’espère que tu as mis
un bol de côté pour eux!» Fulmina Adji. Réplique d’Awa « Môh! C’est ton Ouzin de mari qui
ressemble plutôt à Huan Antonio et tu le sais. Talolène dara ndax film bi,
mélni ay Yama Télé rékk… »15°.
Après cette diversion familiale témoin de la complicité dans cette
maison que même cette Télénovelas ne peut ébranlée, retour à l’écran.
Le film était à son bout au moment où la famille atteignait le fonds du
bol et chacun le quittait à sa façon. A la télé c’est Alcide un homme courtaud,
aux allures de farfelu et donjuan, lunettes de soleil pendant au nez, chauve et
qui avait mis une perruque sur sa cal vicie pour bien la camoufler, qui allait terminer l’épisode du jour. On le
vit sur l’image, venir dans la maison de Primo le tancer. Il le menaça en
termes: « Je te préviens tu as
intérêt à ne pas t’approcher encore de ma fille Maritza, ne salis pas le nom de
ma famille ou du moins ce qu’elle en reste. » Il disait ces mots en
quittant la pièce où Primo devisait avec
Arthuro son propre fils. Il
regarda à peine ce dernier cloué à la porte de la maison, stoïque. Selon Maman
qui en fit le commentaire, Alcide en veut à Primo parce que son fils aîné Arthuro
est le fiancé de la sœur de
Primo, Miriam. Ils vont d’ailleurs se
marier bientôt. Un couple qu’Alcide n’agrée
pas expliqua ‘’Ma’’. Car, poursuit-elle, la sœurette de Primo avait longtemps
repoussé les avances d’Arthuro avant
de les reconsidérer à la suite d’une aventure antécédente et qui a fait fiasco,
à son grand dam. Elle finit par
comprendre que c’est Arthuro qui est
l’homme de sa vie ; nous avoua Maman. Arrêt sur image avec la sortie
d’Alcide qui avait laissé pantois son
fils et Primo, après avoir dit ses quatre pensées à ce dernier. Générique de fin et publicité.
Maman restée sur sa fin se releva difficilement.
Elle gémit se redresse et tira sur elle son écharpe. Le reste de la famille
quittait le salon, qui une main dans la bouche qui lèche, qui un pot d’eau à
l’autre, buvant à grosses lampés et d’autre reprirent place dans la pièce comme
pour attendre quelque chose d’autre. Et c’était l’heure des commentaires et c’est
Maman qui ouvre le débat. « Mais
avez-vous remarqué que Cécilia ne regarde même plus Primo ? ‘’Ndèy saan’’ il est dépité le pauvre je le plains. »
Bredouilla-t-elle. Une compassion non partagée par le petite Amza dite Cécilia qui prit le contre
pied de sa mamie amicalement : « ‘’Ma’’
celui là c’est un menteur et il est irresponsable depuis le jour où il voulait
se passer pour un Roberto gérant de l’hôtel qu’il n’est pas. Même si je n’aime
pas Huan Antonio, je trouve que Primo mérite sa punition ».
Adji quant à elle qui semble comme ‘’Ma’’ connaître le détail du film, s’en
prend à Alcide qui trompe souvent sa femme et qui refuse que Primo courtise sa
fille Maritza. Elle n’apprécia non plus pas les avances du chef de la
sécurité de l’hôtel Milton qui court toujours derrière la femme d’Alcide en vain,
la garnissant de félicités, de présents et de poèmes…Au moment de ses commentaires des
unes et des autres téléspectatrices, le salon se vida comme un cinéma. Seule ‘’Ma’’ qui enfin peut bien manger, resta
sur son grand divan et demanda qu’on lui serve à manger. Ce qui fut.
Puis elle nous confia, sans
complexe, dégustant son diné avec entrain, qu’elle ne sait ni lire ni écrire
mais qu’elle comprenait plus et mieux ceux qui se trame dans ce film que
quiconque dans sa famille. « Mes
filles peuvent en témoigner. Et je fais tout pour contrôler leur comportement à
la suite de ces films. Pas de conformité et point de nuances sur ces attraits
des blancs. Je leur dis toujours que ce n’est qu’une Télénovelas avec des acteurs qui jouent bien leur rôle.
Et Dieu merci mes enfants respectent mes conseils. Mieux mes filles restent à
la maison à cette heure c’est mieux que d’être ailleurs sans que je ne sache ce
qu’elles risquent. Et le seul dommage c’est que l’heure de diffusion de ces
films fait défaut, c’est une heure de prière. Mais moi et désire que ces films
puissent être toujours diffusés pour que je puisse les suivre en famille. Je
suis convaincue qu’ils valent mieux que les téléfilms et dramatiques nationaux
où les scénarii sont moins bien et les acteurs moins professionnels »
Assène-t-elle au moment où nous quittions nous aussi la pièce, laissant seule cette dame qui
semblait accro aux Télénovelas venues d’Amérique du sud. Nous primes congés des Cissé qui s’étaient rangés
dans les chambres et demain à 19h 30 le début de soirée ressemblera sans doute
à celle que nous venons de vivre comme chaque soir pour voir « Un Palace
pour Deux » une Télénovelas très prisée par les ménages sénégalais comme ses
précédentes.
Moussa Pouye FAP 2013 CESTI
1°Un téléfilm diffusé sur la
RTS1 à 19H 30 du Lundi au Vendredi
2° Propos de la grand-mère
pour calmer les enfants
3° Hôtel dans lequel se joue
une partie de la série
4°Interjection signifiant
Euh !
5° Aussi
6°Marque de précision
7° L’affaire risque d’être
compliquée
8° Mais Andréas elle a de l’audace, c’est
9° Mais est-ce vrai ça!
10° Il a de la chance lui
11° J’ai mal aux pieds
12° Adji je t’ai toujours dit
d’attendre la fin du film avant d’amener le diner
13° Venez diner
14° Le repas risque de
refroidir toi aussi et j’ai fini
15° Vous n’avez d’yeux que
pour ce film
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