Le Sénégal classé 94e sur 174 pays : Macky face au défi de la corruption

Le Sénégal figure toujours parmi les pays où la corruption demeure. Selon les résultats de l’indice de perception de la corruption 2012 publiés, hier, par le Forum civil, section sénégalaise de Transparency international, il se classe à la 94e position sur 174 pays avec un score de 36 sur 100.

Le Sénégal n’est pas encore sorti de la zone rouge des pays gangrénés par la corruption. C’est ce que révèlent les résultats de l’Indice de perception de la corruption 2012 publiés hier, par le Forum civil, section sénégalaise de Transparency international.
En effet, notre pays se classe à la 94e position sur 174 pays avec un score de 36 sur 100 au sein du classement de l’organisation qui mesure chaque année la perception de la corruption dans le monde. Au niveau de l’Afrique, il se classe au 16e rang, loin derrière le Botswana en tête des pays où la corruption sévit le moins, suivi du Cap-Vert, de Maurice, du Rwanda, des Seychelles, de la Namibie, du Ghana, du Lesotho, de l’Afrique du Sud, de Sao Tomé et du Libéria, entre autres.

Selon Ndèye Marième Samb, directrice exécutif du Forum civil, pour ce dernier rapport, qui s’étale sur la période allant de septembre 2011 à Septembre 2012, une nouvelle méthode a été adoptée en tenant compte des remarques qui ont été faites sur l’ancienne méthodologie. «Nous avons changé l’échelle de calcul qui est passé de 0 à 100 pour une meilleure visibilité mais aussi pour le traitement des sources d’information. Nous avons laissé en rade l’ancienne méthodologie qui consistait à prendre des données relatives au rang. En plus de cela, il y a un autre changement sur la période d’enquête qui est passée de 24 mois à 12. Tout cela pour permettre une meilleure visibilité, une meilleure compréhension, une meilleure pertinence de cet indice de la corruption», a indiqué la directrice exécutive du Forum civil.

Continuer les enquêtes sur les biens mal acquis

Pour faire sortir le Sénégal des abysses de la corruption, le Forum civil a fait des recommandations à l’Etat. Selon Birahim Seck, membre de ladite structure, le gouvernement doit continuer les enquêtes sur les biens mal acquis afin de pouvoir les recouvrer s’il y en a. Il recommande, également, dans une perspective de ne plus obtenir une mauvaise note, que le gouvernement puisse adopter une loi pour aller vers une réforme en profondeur. Parce que, selon lui, jusqu’à présent ce sont les mêmes textes qui régissaient les dignitaires de l’ancien régime qui régissent actuellement ce nouveau pouvoir. Mr Sek demande aussi à l’Etat d’adopter une loi sur le financement des partis politiques. Ce, parce qu’il souligne que les deux secteurs de l’instrument de perception de la corruption, c’est l’administration mais également les partis politiques. Il faut, selon lui, aller impérativement vers une loi sur le financement des partis politiques pour qu’on puisse maîtriser la masse d’argent dépensée dans les campagnes lors des élections. Il est aussi recommandé au Sénégal d’avoir une loi sur les conflits d’intérêts. «Nous sommes dans une république et non dans une famille, il faut impérativement qu’on respecte les règles républicaines», s’insurge-t-il.

Par la même occasion, le Forum civil demande également qu’il ait une loi sur la déclaration de patrimoine. «Il faut qu’on puisse avoir une loi claire, simplifiée, pour qu’on puisse dire exactement quels sont les autorités publiques gestionnaires de fonds publics qui doivent faire une déclaration de patrimoine, en commençant par le président de la République jusqu’aux gestionnaires des collectivités locales», propose Birahim Seck. Non sans demander la mise en place effective de l’Office national de lutte contre la corruption mais aussi de la commission de recouvrement des avoirs volés.

Réforme du code des marchés public

En outre, Mr Seck dit ne pas comprendre que la présidence de la République, le gouvernement, les collectivités locales soient soumis au code des marchés publics, et que l’Assemblée nationale, qui engloutit beaucoup de milliards, ne soit pas soumise au code des marchés publics. C’est pourquoi, il souhaite qu’une réforme soit opérée à ce niveau. Le forum civil interpelle les autorités de régulation des marchés publics mais également les autorités parlementaires pour qu’elles puissent aller directement vers une acceptation de la soumission de l’Assemblée nationale au code des marchés publics.

Les recommandations du forum civil concernent aussi le domaine minier. A en croire Birahim Seck, «il n’y avait pas de clarté dans la signature des contrats». D’où la demande faite au ministre de l’Energie et des Mines de tout faire pour qu’il ait une publication de tous les contrats qui ont été passés dans le domaine des mines pour qu’on puisse maîtriser les contrats et les clauses. Le Forum civil demande aussi le vote d’une loi ou d’un texte réglementaire qui régit les concessions de service public. Parce que, explique Birahim Seck, à partir de 2007, le Sénégal s’était seulement appesanti sur la transposition des directives de l’Uemoa en prenant uniquement le code des marchés publics alors que la délégation de service public est le parent pauvre de la réglementation au niveau national. Pour preuve, poursuit-il, «le régime de Wade avait pris une loi le 1er mars 2004 pour passer la concession de l’autoroute à péage dans des conditions nébuleuses». Il indique aussi que la concession de l’hôtel King Fahd palace (ex-méridien Président) a été effectuée dans des conditions nébuleuses. C’est pourquoi, il préconise une réglementation effective des concessions de services publics mais également de toutes les délégations à l’instar de la délégation du code des marchés. Sinon, prévient-il, «le Sénégal sera toujours dans une zone de haute corruption».

Walfadjri

Publié par adminpresse

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