Biennale de Des Arts Dak ‘Art 2012 TRIBUNE OUVERTE A MOMAR SECK, ARTISTE PLASTICIEN, DOCTEUR EN ART PLASTIQUES


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Dr Momar Seck, Genève, Bargny-Sénégal


«L’art récup ne renvoie pas au misérabilisme»
Artiste plasticien, Docteur en arts plastiques et coordinateur du pôle d’expression artistique de l’Ecole internationale de Genève, Momar Seck offre quelques pistes de réflexion et de recherche relatives à l’art de la récupération. Ses œuvres sont actuellement exposées au Musée Bolibana dans le cadre du Dak’art. 


Vous définissez-vous plus comme un artiste ou un théoricien de l’art ? 



A ce stade-là je reste un chercheur au niveau de l’art. J’explore tout ce qui est en relation avec la théorie de l’expression artistique, tout ce qui est en relation avec la pratique artistique et l’enseignement n’est qu’un tremplin qui aide à partager ce que j’apprends, ce que je découvre. Je me considère comme un chercheur en arts plastiques qui a aussi une pratique artistique. Je suis artiste plasticien, j’ai fait les bases de ma formation à Dakar, à l’école supérieure d’arts visuels qui a pour vocation de former les enseignants en arts plastiques au Sénégal. Après cette formation, j’ai obtenu une bourse pour un troisième cycle dans la Confédération Suisse - une bourse de l’office fédéral de la Culture - et cette bourse m’a permis de faire un développement au niveau technique et au niveau pratique. Toujours est- il que j’avais senti le besoin de développer ce côté théorique, et le désir de faire çà m’a poussé à me présenter en thèse de doctorat à l’université de Strasbourg ou j’ai fait une recherche au niveau théorique et où j’ai développé un doctorat en arts plastiques? J’ai pu développer des relations interculturelles, c'est- à-dire amener des artistes suisses au Sénégal pour travailler avec des artistes sénégalais et amener des artistes sénégalais en suisse afin qu’ils travaillent avec des artistes suisses. Ce lien j’essaie de le poursuivre avec mes élèves (de l’’Ecole internationale de Genève, Ndlr). Chaque année j’amène un groupe de trente ou quarante élèves qui font des activités humanitaires en plus de la collaboration artistiques avec des élèves résidents au Sénégal. On a participé à l’informatisation de plus de vingt cinq écoles primaires entre Rufisque, Ouakam, Diamniadio et Bargny.

Quelles orientations donnez-vous à vos recherches? 

La première thématique qui me tenait à cœur c’était la recherche par rapport à l’art de la récupération,
la réutilisation des objets qui est un phénomène social chez nous, qui est un phénomène social en Afrique. Quand on voit toute la ferblanterie dans les aéroports, quand on voit toutes les bouteilles de conserve qui se transforment en mallettes… mais aussi quand on va plus loin, jusqu’à notre enfance, on jouait avec des pots de tomates qu’on perçait pour en faire des talkies- walkies ou encore des voitures…
toute une tradition de manipulation qui a quand même aidé à faire le lien avec la création artistique. La recherche, je l’ai surtout orientée vers la récupération; notamment en faisant le lien avec le «set-setal» qui est un mouvement né vers les années 90. Et ce mouvement nous renseigne aussi sur la perméabilité de l’artiste. L’artiste vit dans un milieu et est imprégné des réalités du milieu. On a la possibilité de travailler en se basant sur le vécu et c’est un thème qui nourrit ma recherche et ma
création plastique.

Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’art de récupération ? 

Il s’agit de détourner l’objet récupéré de sa fonction première et de lui octroyer une fonction esthétique. De réutiliser le potentiel de l’objet pour faire une création plastique. L’art récup’ découle d’un sursaut de créativité car c’est un art inspiré des réalités sociales. Les objets sont réparés et remis dans le circuit fonctionnel de la vie. Ce n’est pas quelque chose que l’on fait par mimétisme, pour copier ou suivre une tendance venue d’ailleurs comme pourraient le penser certains et ce n’est pas non plus quelque chose qui renvoie au misérabilisme. Moi je considère que c’est quelque chose de fondamental qui peut être même une source d’études au niveau sociologique. L’art récupération peut être une base pour la réflexion sociale en ce sens que les supports récupérés sont en corrélation avec l’environnement de l’artiste.


Source : tirbune du   25/05/2012
Par Mohamed NDJIM

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