DÉFENSE DES INTÉRÊTS DES AGRICULTEURES : Le Syndicat «Japandoo» créé par Wade risque de virer au «Bayendoo»


Après l’échec de la campagne de commercialisation arachidière, la vague de contestation des producteurs à la base est

Les prémices d’une implosion sont visibles au sein du Syndicat national des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs du Sénégal (Synaep/Japandoo). Une véritable fronde de responsables des producteurs qui s’est fait jour au ministère même de l’Agriculture où se tenait une rencontre préparatoire de la deuxième édition du forum international «Dakar Agricole».
 Selon nos sources, lors de cette réunion, tenue jeudi dernier, certains producteurs se sont démarqués du bureau provisoire du Synaep/Japandoo en refusant même de prendre leur part de l’enveloppe de 2 millions de francs dégagée par la tutelle pour la réussite de la mobilisation de ce matin. Pour les frondeurs qui comptent se faire entendre dans les jours à venir, «l’urgence, les priorités et les préoccupations des producteurs sont ailleurs et non au folklore». Pour eux, «l’heure doit être à l’évaluation sans complaisance de l’échec de la campagne arachidière qui vient d’être bouclée dans le désarroi le plus total des cultivateurs». C’est pourquoi ils ont décidé de prendre leurs distances par rapport aux engagements du bureau provisoire du Synaep/Japandoo décidé à prendre part à la rencontre «Dakar Agricole» aujourd’hui.

De la réunion secrète de Thiénaba à la saisine des sénateurs pour informer Wade
Au sortir du ministère de l’Agriculture, les producteurs qui ne veulent plus entendre parler de bureau provisoire à la tête de ce syndicat se sont repliés dans la localité de Thiénaba pour débattre de cette affaire.
Lors de cette rencontre, indiquent les mêmes sources, les producteurs mécontents ont pris la ferme résolution d’obliger les dirigeants actuels du Synaep/Japandoo à tenir une Assemblée générale (Ag) ou un congrès pour mettre «enfin en place les instances dirigeantes et les structures de base de ce syndicat, dans l’intérêt exclusif des agriculteurs». L’objectif que s’étaient fixé les frondeurs, c’était d’organiser la dissolution et l’élection de nouveaux dirigeants le 20 avril prochain. Mais, ajoutent nos interlocuteurs, «de très fortes pressions ont été exercées pour qu’ils sursoient à cette initiative jusqu’après l’organisation de Dakar Agricole et les élections de représentativité prévues à la même date». Pour réussir leur fronde, ces derniers se sont mobilisés et ont acquis à leur cause une bonne partie des agriculteurs de la région de Louga et sont présentement en train de mener une intense campagne de sensibilisation dans la région de Kaolack pour faire comprendre aux paysans du Bassin arachidier que «la durée de vie du bureau provisoire du Synaep/Japandoo a expiré depuis longtemps». D’autres stratégies sont développées par ces derniers pour «renverser ou faire renverser le bureau provisoire».

Louga et le Saloum gagnés par la fronde paysanne
C’est dans ce cadre qu’il convient d’inscrire la saisine prochaine de certains sénateurs comme Meïssa Ndiaye et d’autres gros pontes de la République qui puissent briffer le président de la République, Me Abdoulaye Wade, «avant qu’il ne soit trop tard en cette veille d’élections marquée par une frustration généralisée».
Rappelons juste à ce niveau que dans une interview que le député Alé Lo, membre du bureau contesté, nous avait accordée en août 2010, ce dernier expliquait le processus de la création de ce syndicat et promettait la sortie du provisoire en ces termes : «Le président a juste demandé qu’on organise tout ça. Et j’ai eu l’honneur de présider l’Assemblée générale constitutive du syndicat Japandoo. Et je vous assure que cela a été fait démocratiquement. Il a été demandé aux producteurs des régions de monter leur bureau régional, puis de monter un bureau provisoire. Ce dernier est dirigé par le président Mamadou Sall de Tambacounda, producteur de banane et éleveur. Nous allons, après la présente campagne, vers une Assemblée générale pour le renouvellement du bureau sur des bases démocratiques avec des éléments choisis au niveau du village, de la communauté rurale et au plan national. Cela se fera d’une manière reflétant l’émanation des acteurs que sont les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs. Même si l’idée vient du président, ce n’est pas un syndicat du président».

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